Un clocher d’église encadré de deux tours défensives domine les toits d’ardoises des habitations en briques rouges. Aujourd’hui je vous propose un petit arrêt en Thiérache Axonaise pour découvrir le village de Parfondeval, l’un des plus beaux de France.
Comme beaucoup de monde au sortir du confinement l’envie de repartir sur les routes c’est vite fait sentir. Mais bon il faut reconnaître que ce n’est pas avant plusieurs mois qu’on pourra reprendre le chemin vers des horizons plus lointains. C’est dans cet état d’esprit que je cherchais, pour une journée de promenades avec mes parents, des lieux à (re)découvrir le plus proche possible de Laon.
Le choix s’est arrêté sur un petit tour dans les Ardennes, à proximité de la frontière de l’Aisne avec Rocroi et le Lac des Vieilles Forges. Et comme à mon habitude j’aime bien regarder ce qui se situe près du trajet conseillé, je n’ai pas manqué de remarquer que Parfondeval ferait une bonne étape où faire une pause le matin. Je connaissais déjà ce village mais ma compagne non, et cela fait surtout une petite marche assez agréable. On peut y trouver un parcours de 1 km 30 qui dure environ 1 h, ainsi qu’un itinéraire bis ajoutant 700 m pour voir le Hameau du Moulin. Vous pourrez retrouver une fiche pratique avec toutes les informations à la fin de cet article.
Un village pittoresque de Thiérache

La Thiérache c’est une région naturelle à cheval entre la France et la Belgique. Elle se situe principalement dans le nord-est du département de l’Aisne, mais déborde aussi sur les départements français du Nord et des Ardennes, ainsi que les provinces belges de Namur et Hainaut. Son nom signifiant la « Terre des vaches » c’est une grande terre d’élevages bovins et de bocages.
Parfondeval est un village typique de ce territoire. Il se trouve à la frontière entre l’Aisne et les Ardennes, à une heure de route de Laon ou de Reims. Et il constitue une étape sympathique pour qui se rend dans les Ardennes ou souhaite faire le tour des églises fortifiées de Thiérache.
Au fil du temps, l’agglomération, formée autour de plusieurs fermes d’élevage, a su conserver son aspect champêtre et sa quiétude. On y retrouve le style architectural qui fait tout le charme de la Thiérache ; des maisons en briques rouges recouvertes de toits en ardoise et une église fortifiée, une particularité unique à cette région. Il représente aussi un bel exemple d’urbanisme rural à l’ancienne avec une mare sur la place du village pour l’abreuvage des animaux des fermes environnantes, un lavoir et un ancien moulin à eau. Le paysage à proximité est principalement composé de bocages et de vergers de pommiers.
Tout cela lui permet de porter depuis 1983 le label d’un des « Plus beaux villages de France », avec Gerberoy dans l’Oise c’est l’un des deux seuls de la région Hauts-de-France.
- Les Plus Beaux Villages de France est une association française créée en 1982 afin de promouvoir les arguments touristiques des communes rurales riches d’un patrimoine remarquable. L’adhésion est suspendue à un certain nombre de critères sélectifs comme avoir une population maximale de 2 000 habitants et posséder au moins deux monuments historiques ou sites patrimoniaux remarquables. Le label est constitué de 149 agglomérations sur les uns peu plus de 35 000 que compte la France.
Découvrir Parfondeval
La première chose qui marque quand on arrive à Parfondeval c’est la verdure du paysage qui entoure le village, typique de la Thiérache, des bocages et des bosquets à perte de vue. Normalement en accédant par Reims ou Laon vous rentrerez dans l’agglomération par la D977 et la rue Principale, c’est-à-dire l’église fortifiée directement sur votre droite. Je vous conseille de vous garer au niveau de la place du village, c’est un bon point de départ pour commencer la visite. Toutefois s’il y’a du monde vous trouverez une pâture transformée en parking avant d’entrer dans le village.
La place du village est caractérisée par la présence d’une mare qui était utilisée pour l’abreuvage des animaux des fermettes environnantes. Cela se faisait beaucoup avant dans les territoires ruraux, mais avec l’intensification agricole et de l’urbanisation beaucoup ont disparu. L’agglomération en comptait 6 en tout répartie sur son territoire pour survenir au besoin des éleveurs bovins, il ne reste aujourd’hui que celle au centre du village.
Vous pourrez apprécier dès ce début de promenade les maisons à l’architecture si particulière. Le village est en effet constitué de beaucoup d’édifices de briques rouges à pans de bois et coiffés de toits en ardoises grises bleuté.
Eglise Fortifiée St Médard
- Les églises fortifiées de Thiéraches sont une particularité découlant de la guerre de Cent Ans, le territoire constituant une frontière directe entre la France et le Saint-Empire Germanique. De ce fait une ligne de forteresse est modernisée entre Le Cateau, La Capelle, Guise, Vervins et Rocroi.
Toutefois sur la route des invasions la Thiérache est un domaine trop clairsemé, au-delà des places fortes c’est un grand nombre de petits villages qui sont laissés sans défense face aux saccages de la période 1515 – 1715. Les paysans se tournèrent alors vers le seul édifice « en dure » qui était présent dans ces villages : l’église, s’y réfugiant temporairement pour protéger leurs vies et leurs biens des incursions des bandes de pillards. Au cœur du village elles offraient aux habitants un lieu d’asile et de sécurité et au fil du temps on commença à les fortifier pour en faire de véritables forteresses. Donjon, tour en encorbellement, échauguette, le clocher servant de poste d’observation des environs. - Il en reste 65 en Thiérache et elles constituent « La route des églises fortifiées de Thiérache ».
Une fois le portail franchi vous vous retrouverez sous la tour-donjon qui fait aussi office de clocher appellé souvent le « fort de l’église ». C’est une sorte de sas entre l’extérieur, le lieu de culte se trouvant derrière la prochaine porte et la salle-refuge accessible grâce aux escaliers à vis des tours. Cela permet de commencer à jauger l’architecture du site avec notamment sa voûte avec un oculus et trois trous pour les cordes des cloches.
Mais c’est vraiment dans la pièce suivante que toute la beauté de l’édifice se découvre encore plus à nous, la nef de l’église. Au départ entièrement fortifiée, elle a subi des travaux en 1780 qui ont fait disparaître deux tours pour réaliser une extension gauche et droite. Un soutènement avec des arbres taillés en poteaux est présent de chaque côté de la nef notamment composé de très élégants pans en bois.
Retour au pied du « fort de l’église » pour prendre l’un des escaliers en vis des tours et découvrir juste sous les cloches ce qui fait la particularité d’une église fortifiée. La salle-refuge où la population stockait en prévision des pillages une partie de leurs récoltes, venait s’abriter et d’où elle pouvait défendre l’église. Vous pourrez y trouver une scénographie présentant l’église et son fonctionnement, mais aussi des fresques datant des 16e et 17e siècles.
Maison des Outils d’Antan et Arbre de la Liberté
Malheureusement il était fermé à cause de la crise sanitaire du COVID, mais avant il était possible de manger un repas salé ou sucrée typique de Thiérache en plus de la visite. Le musée est de nouveau ouvert tous les jours de 13 h à 18 h pour un tarif de 4 € par personne (gratuit pour les moins de 4 ans).
- L’arbre de la liberté est un symbole en lien avec la Révolution française inspiré par la tradition de l’arbre de mai et poteaux de la Liberté aux Etats-Unis. L’usage apparu en 1789 – 1791, pour connaitre un élan en 1792, de planter avec cérémonie un jeune peuplier comme signe de joie populaire dans les communes françaises. Mais sous la Restauration ( 1814 – 1830 ) ils furent pour leur grande partie abattus car symbole contraire au pouvoir en place. Toutefois certains restèrent debout dans les communes rurales.
C’est suite à la révolution de février ( 1848 ) que cet usage réapparu, les autorités provisoires encourageant un retour aux plantations d’arbres de la libertés. - Il est à noter que l’arbre de liberté est le symbole choisi par la France pour l’inscription à l’arrière des pièces de 1 € et 2 €.
Le lavoir “Le Cailleux”
C’était un des lieux centraux des communes rurales, ce sont des bassins alimentés en eau utilisaient en grande partie pour laver et rincer le linge et constituaient un des rares lieux où les femmes pouvaient se réunir et discuter.
Le Temple Protestant
Le temple a été construit en 1858 par Jules Touchard, un architecte de Laon. Je trouve l’extérieur assez joli, l’intérieur étant très minimaliste. On y retrouve quelques bancs, des phrases sur un mur en guide de décoration et sur un autel une bible ouverte. À noter la présence d’une cloche qui ne servirait pas mais fonctionne très bien, la corde étant accessible à l’entrée. Normalement il y’avait une scénographie expliquant l’histoire du protestantisme mais nous ne l’avons pas vu.
Le Moulin
C’est un ancien moulin à eau construit en 1813 qui tire son eau de la brune, une rivière de l’Aisne. Le lieu est assez joli, ressemblant à un corps de ferme avec une maison en brique et une autre en torchis et pans de bois. Mais il n’est pas possible de le visité car c’est une propriété privée, le seul choix s’offrant est de faire demi-tour et de retourner à l’intersection dans le village pour finir les quelques mètres qui nous séparent de la place et sa mare.
Que vous ayez fait l’allez-retour pour voir l’ancien moulin ou simplement tourné à gauche pour remonter vers le centre du village il ne vous reste qu’un petit 500 m pour retrouver la place et votre point de départ. Voilà, vous venez en un peu plus d’ 1 km 30 de visiter l’un des « Plus Beaux Villages de France » et découvert un brin plus du territoire qu’est la Thiérache. Personnellement j’ai vraiment adoré cette courte promenade qui nous a servi d’étape avant de rejoindre les Ardennes. Juste un peu déçu que le musée était encore fermé, mais c’est compréhensible.
Si cela vous a plu vous pouvez conduire votre exploration un peu plus loin en suivant l’itinéraire des églises fortifiées de Thiérache ou même pousser légèrement plus en avant pour découvrir dans les Ardennes des lieux comme Rocroi ou le lac des vieilles forges. Si vous souhaitez en apprendre d’avantage sur Parfondeval et plus globalement la Thiérache je vous invite à visiter le site web de l’office du tourisme de Thiérache et vous trouverez aussi quelques informations utiles dans la fiche pratique qui se trouve ci-dessous.
Vous pouvez aussi visionner l’album photo en lien avec notre visite à Parfondeval disponible dans la galerie photo !
Fiche pratique
Type de tracé : à pieds sur chemin de village
Difficulté :
Durée moyenne : un peu plus d’ 1 heure
Distance : 1 km 30 (compter 2 km avec l’itinéraire secondaire)
Equipement conseillé : aucun
Retour au point de départ ? : oui
Animaux autorisé : oui, en laisse
Album photo : Promenade à Parfondeval (35 photos)
Coordonnée GPS : 49°44’21.38″N / 4° 9’32.63″E
S’y rendre : en voiture, à 1h de Laon ou de Reims
Quand visiter : toute l’année, une préférence pour le printemps et l’été
Activité : marche, visite de monuments et musée
A voir : église fortifiée, maison des outils d’antan, lavoir, temple protestant, moulin, maisons typiques
Tarif : gratuit, maison des outils d’antan à 4€ par personnes
Se restaurer : Le Relais de la Chouette (si ouvert), dégustation à la maison des outils d’antan
Où dormir : présence de chambre d’hotes dans le voisinnage
Evenement s’y déroulant : journée des arts, marathon La Fortifiée, randonnées nocturnes
A voir aux alentours : route des eglises fortifiées de Thiérache, abbaye de Saint-Michel, Aubenton…
Renseignements : 03 23 91 30 10 ou le site de l’office du tourisme
Liens utiles
- Office du tourisme de Thiérache : utile pour préparer sa visite
- Article de wikipédia : Parfondeval, églises fortifiées de Thiérache, Thiérache
- La route de la Thiérache fortifiée : à faire au moins une fois, l’office du tourisme peut vous transmettre plusieurs itinéraires et une liste des lieux à voir
J’espère que cet article vous aura plu et surtout qu’il vous donnera envie de partir découvrir Parfondeval.
Si vous avez des questions n’hésitez pas à me laisser un commentaire, mais aussi si vous avez quelque chose à me partager en lien.
À très vite pour d’autres découvertes de ce genre !
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